Nouveaux heurts entre migrants et policiers grecs à la frontière
Une semaine après qu'Ankara a annoncé l'ouverture de ses portes avec l'Europe, de nouveaux heurts ont brièvement éclaté, vendredi, à la frontière gréco-turque entre policiers grecs qui ont tiré des grenades lacrymogènes en direction de migrants qui jetaient des pierres, a constaté l'AFP.
Après cette brève poussée de fièvre, des centaines de migrants se sont massés devant le poste-frontière de Pazarkule (Kastanies, côté grec), scandant "liberté", "paix" et "ouvrez les portes !", selon un photographe de l'AFP.
Certaines personnes brandissaient au-dessus des barbelés des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Nous voulons vivre en paix".
Les autorités grecques ont, par ailleurs, accusé les forces turques de tirer des grenades lacrymogènes et des fumigènes du côté grec de la frontière. "Il y a eu des attaques coordonnées ce matin", a déclaré un responsable grec.
Selon Athènes, les autorités turques distribuent, en outre, du matériel pour découper les grillages qui empêchent les migrants de passer du côté grec.
Après l'annonce, la semaine dernière, par le président Recep Tayyip Erdogan de l'ouverture des frontières, plusieurs milliers de migrants se sont dirigés vers la Grèce, réveillant en Europe le souvenir de la crise migratoire qui a secoué le continent en 2015.
L'Union européenne a vivement dénoncé un "chantage" aux migrants, au moment où Ankara réclame un appui occidental en Syrie, où la Turquie mène une opération militaire et est confrontée à un afflux de déplacés vers sa frontière.
Alors que des milliers de migrants sont désormais bloqués à la frontière gréco-turque, des campements de fortune se sont formés du côté turc.
De nombreux migrants dorment à l'air libre, malgré le froid. Les plus chanceux, souvent des familles avec enfants, ont confectionné des tentes avec des bâches, dont ils émergent chaque matin le visage exténué.
Toute une économie de la misère s'est, par ailleurs, développée; des marchands ambulants turcs écoulant à des prix décuplés des bouteilles d'eau, de la nourriture ou du matériel pour fabriquer des abris.
Les nouveaux heurts interviennent au lendemain de la signature, à Moscou, d'un accord de cessez-le-feu dans la région d'Idleb (nord-ouest de la Syrie) entre Erdogan et le président russe Vladimir Poutine.
Un responsable de la présidence turque a déclaré à l'agence de presse étatique Anadolu que ce cessez-le-feu ne signifiait pas qu'Ankara allait fermer ses frontières avec l'Europe.